Mécanique de piano à queue
Optimisation, équilibrage & création
Le premier contact que le pianiste développe avec un piano se fait par le toucher. Certains instruments sont très intuitifs, d’autres demandent d’être apprivoisés pour révéler tout leur potentiel, et certains parfois… ne se laissent pas faire !
Entre deux pianos de même marque et de même modèle, il n’est pas rare de constater de grandes différences dans les sensations de jeu, y compris pour les instruments issus d’une fabrication en grande série.
Une mécanique bien équilibrée donne généralement au pianiste la sensation que le mouvement du marteau suit parfaitement bien celui du doigt, quelle que soit la vitesse d’enfoncement de la touche et le mode de jeu.
Toucher lourd, paresseux ? Toucher trop léger, facile ?
Une question d’inertie !
Optimisation
Une mécanique de piano donne le maximum de ses capacités lorsqu’elle est en bon état, et parfaitement bien réglée.
En analysant le fonctionnement de la mécanique, au moyen de mesures révélatrices, on peut localiser des signes d’usure, de frictions anormales, ou de dérèglements.
Une fois l’usure et les frictions traitées, il devient possible de mettre en cohérence la sensation de jeu et le rendu sonore, par une succession d’opérations de réglage fin, d’accord et d’harmonisation ; c’est ce que l’on appelle l’optimisation.
Avant d’envisager toute modification d’un instrument, je m’attache à explorer ce qu’il peut donner de mieux ; de nombreux pianos ont simplement besoin d’un peu d’attention, et d’un réveil en douceur !
Ré-équilibrage de mécanique
Lorsque la sensation de jeu d’une mécanique n’atteint pas un équilibre satisfaisant par le réglage, je propose d’analyser les caractéristiques de son fonctionnement, afin de définir les conditions d’un toucher plus intuitif.
La démarche que je mène s’appuie sur les travaux de brillants ingénieurs et concepteurs de pianos : David STANWOOD, Darrell FANDRICH et John RHODES.
Au moyen de pesées, de mesures et de calculs, plusieurs pistes se dégagent : intervenir sur la masse des marteaux, affiner la répartition des leviers de la mécanique, ou encore optimiser le plombage du clavier.
Lors de la mise en œuvre de ces solutions, je m’attache toujours à respecter le caractère propre à chaque instrument.
Bien que les équipements spécialisés soient de précieux alliés, tout le processus reste guidé par le ressenti au toucher et à l’écoute. Un bon outil ne vaut que par la main qui le guide !
Conception de mécanique – pianos anciens
Les pianos à queue construits entre 1880 et les années 1930 ont souvent une sonorité admirée de tous. La qualité des matériaux et des savoir-faire atteignait dans ces années là un degré d’excellence jamais égalé.
Restaurés dans un souci d’authenticité, ces instruments sont toutefois limités à un contexte historique et à un répertoire musical très restreint. La géométrie particulière de leurs mécaniques (simple échappement, à peignes, etc.) entraîne, dans la plupart des cas, un fonctionnement aux performances plutôt incertaines.
À la lumière des connaissances techniques d’aujourd’hui, je propose de concevoir une mécanique dont la géométrie moderne sera au service du « beau son » d’époque.
À chaque étape du processus, les pistes envisagées sont mises à l’épreuve, y compris pour évaluer leur impact sur le rendu sonore de l’instrument, au moyen :
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d’une connaissance approfondie des évolutions de la facture de pianos et du fonctionnement des mécaniques modernes,
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de schémas techniques et des cotes d’usine des différents types de mécaniques,
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de logiciels et de manuels techniques spécialisés dans le calcul et l’équilibrage des mécaniques,
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d’un module de mécanique ajustable, et de pièces-test correspondant aux principales références existantes.
Ainsi, les musiciens trouveront dans ces pianos anciens un univers sonore de très haute expressivité, allié à un toucher performant, et donc capables de satisfaire pleinement les exigences du jeu pianistique actuel et à venir.
À SAVOIR : L’importance de la perception
Les sensations de jeu du pianiste sont très liées à la couleur sonore que l’instrument lui renvoie. Un piano à la sonorité brillante est souvent associé à la sensation d’un toucher léger ; un piano dont la sonorité est travaillée en rondeur donne généralement la sensation d’un toucher plutôt ferme.
La façon d’accorder l’instrument participe elle-aussi à la perception du toucher ; on peut rendre l’attaque du son plus nette, accroître la longueur du son, enrichir le timbre… Autant de moyens auxquels le pianiste pourra faire appel dans son expression !
En premier lieu, c’est donc la cohérence du toucher et du rendu sonore que l’on cherche à équilibrer, de la conception d’un piano à sa préparation finale.